Diplômé de l’ENSA Dijon en 2022, Sylvain Owelle associe des scories, de la limaille de fer, à sa couche picturale.
Cette découverte lui a permis d’ouvrir de nouveaux horizons d’expérimentation, faits de contrastes, de matières, d’illusions de relief.
La perception du visiteur est troublée, entre dessins, rapport d’optique photographique et peintures imprimées.
Sylvain Owelle développe des effets optiques dans des systèmes d’abstraction géométrique qui associent les récurrences de signes, de lignes et le geste, l’empreinte, la trace.
Du jeu. 11 janv. au sam. 6 avril
DU MARDI AU SAMEDI DE 13H À 18H
Vernissage
jeu. 11 janv. | 18h
Visite commentée
jeu. 7 mars. | 18h
Sylvain Owelle : Une trace encore fraîche
La présence est telle qu’elle n’engage pas à regarder ailleurs. Nous nous contenterons alors simplement d’être là et de voir ce qu’il advient.
Telle pourrait être la précaution d’usage, le conseil préliminaire que l’on devrait formuler devant les toiles de Sylvain Owelle. Car ici le sujet, c’est avant tout la peinture. Pas de narration anecdotique, d’artifices et d’effets complaisants qui viennent nous égarer, mais des choix annoncés et étayés dans lesquels la matière, la couleur, le support, le geste et le format s’associent pour produire un objet dont le spectateur fera l’expérience pleine et entière.
A la fois franche, engagée, exigeante et exploratoire la peinture de Sylvain Owelle ne fait pas l’économie d’un regard attentif sur l’histoire de l’abstraction qu’elle cite et bouscule, pour affirmer déjà en dépit d’une mise en œuvre assez récente (1), un ton et une singularité.
Abstraite donc, recourant à un registre de signes variés : motifs étoilés et acérés, formes oblongues, bandes verticales centrées ou libres et dispersées, les œuvres jouent en premier lieu sur des tensions chromatiques fortes et des surfaces éminemment optiques et vibratoires.
Mais, là où Sylvain Owelle donne véritablement un second souffle à la peinture, c’est par l’introduction d’un matériau inattendu, les scories (2). En effet, en saupoudrant ces fines particules sur certaines surfaces de la toile encore fraîches, que la touche ample de la brosse viendra exalter, celles-ci vont procurer à la peinture aux teintes parfois fluorescentes, une dynamique visuelle d’une subtile intensité (3).
Si ces scories renforcent et confirment avant tout la matérialité de la peinture, elles provoquent également dans un même temps des effets illusionnistes.
S’agit-t’il d’un transfert, d’un frottage, d’une impression photographique ? Sommes-nous en présence alors d’une mixité de médiums ? Cette interrogation fait surgir une archéologie des possibles quand aux gestes mis en œuvre.
Non. La peinture est bien seule à occuper le champ de la toile et si elle semble accuser quelques reliefs par endroits ce n’est que pour mieux révéler sa nature première, celle d’être avant tout une surface plane.
Ainsi, là où les tonalités souvent acides et les contrastes particulièrement toniques imposent tout d’abord une certaine distance, la qualité des surfaces grisées où se trouvent les scories invite, quant à elle, à une scrutation rapprochée.
On pourrait penser qu’un format imposant soit seul capable de magnifier ce protocole gestuel que Sylvain Owelle développe depuis sa découverte fortuite en 2019, il n’en est rien. Si la série des peintures intitulées Mille pattes (acrylique sur toile et scories, 270 X 110 cm, 2023) exploite de façon particulièrement convaincante une succession de gestes alliant dispersion et recouvrement, l’ensemble de petits formats Sans titre (acrylique sur toile et scories, 37 x 37 cm, 2022 /2023), atteste d’une présence physique étonnante.
Et si d’aventure on vient coller son œil très près de la toile, on pourra peut-être percevoir çà et là la trace de la pulpe d’un doigt, l’artiste ayant à cette occasion appliqué par endroit sa poudre de cette manière.
Pierre-Yves Magerand